Île de Pâques, ou Rapa Nui

du 23 au 30 novembre 2004

Comme chacun l'a appris à l'école, l'île de Pâques appartient au Chili, mais c'est un endroit tellement particulier que nous l'avons traité séparément. Une petite île perdue dans le Pacifique, l'île la plus éloignée au monde de toute terre habitée, la plus proche étant la minuscule île de Pitcairns à 1'900 kilomètre, ou, un peu plus loin, les îles Marquises à 3'200 kilomètres. Un peuple probablement arrivé des Marquises voici près de 1'500 ans après plusieurs semaines de navigation sur de grandes embarcations contenants près d'une centaine de personnes, plus quelques poules et de quoi coloniser une nouvelle terre. Une histoire bien peu connue, mais une surpopulation, près de 15'000 habitants vers le 15ème siècle, à contribué à la conduite de nombreuses guerres tribales et à un peu d'anthropophagie... Une grande tragédie frappe l'île en 1862: 6 bateaux péruviens viennent chercher 1'000 esclaves pour leurs mines de guano. Le roi et toute l'élite de l'île en font partie. Suite aux réactions d'autres pays, on libère les 200 Pasquans encore en vie. Au retour, décimés par la variole, seul 15 atteignirent leur terre, avec pour seul résultat de contaminer les habitants restants. En 1864, seul quelques centaines d'habitants avaient réchapé à l'épidémie. En 1877, 111 personnes peuplaient l'île. La quasi totalité de la connaissance s'était envolée. Puis, annexée par le Chili, l'île fut louée à des fermiers britanniques pour l'élevage de mouton et pendant 60 ans, la population vécu derrière des barbelés à Hanga Roa (devenue depuis l'unique localité de l'île), pendant que des dizaines de milliers de moutons paisaient sur leur terre. La situation s'est améliorée depuis. Les Pascuans acquirent enfin le droit de vote, des papiers d'identité ainsi que l'électricité et l'eau courante. Actuellement, le tourisme est de loin le premier revenu de l'île avec 20'000 visiteurs par année.
	La quasi totalité des 3'800 habitants vivent dans une espèce de gros village, la grande majorité de l'île étant toujours la propriété de l'état chilien. Des kilomètres de côtes inhabitées ont fait notre bonheur et c'est près de 120 kilomètres à pied que nous aurons parcouru en 4 jours. On a mis trois jours pour récupérer...
	On vous a peut-être pas dit que l'île était volcanique ? Ben voilà, c'est fait !
Le tour de l'île est ceint de 350 "ahu", espèces de terrasse en pierre, édifiées dans un but religieux et surmonté pour certain par des "moai".
	Un de ces "ahu" reste encore un mystère actuellement. Ces pierres de plusieurs tonnes ajustées au millimètre, et où l'on ne passerait pas une feuille de papier entre elles (Pierre a vérifié), sont datées d'avant leurs consoeurs du Pérou. C'est le seul qui a été construit avec ce niveau de finition, et il est à l'origine de l'expédition du Kon-Tiki.
Et voici les célèbres statues de l'île de Pâques. Appelées "moai", elles ont été édifiées entre le XIVème et le XVIIème siècle, et plusieurs centaines ont été transportées à travers l'île, pour certaines sur une distance de plus de 20 kilomètres. Elles mesurent en moyenne de 20 à 50 tonnes pour 5 à 7 mètres de hauteur. La totalité des "moai" dressés sur les "ahu" ont été renversés au cours des siècles passés et pour l'instant, seuls quelques sites restaurés permettent de les admirer.
	La quasi totalité des statues proviennent de ce volcan, utilisé comme carrière.
	De nombreux "moai" nous contemplent à l'arrivée à la carrière. La plupart sont plantés dans le sol jusqu'aux épaules, voir jusqu'au cou, et l'on comprend que ces profils étranges qui regardent perpétuellement l'horizon ont su fasciner la planète entière.
	Fascinant également que de voir des dizaines et des dizaines de statues en cours de fabrication, voir totalement terminées et qu'il ne reste plus qu'à livrer à domicile. La plus grande, inachevée, mesure 21 mètres et son poid estimé est de plus de 160 tonnes ! Tout ceci semble s'être arrêté d'un coup pour une raison qui reste encore inconnue de nos jours.
Des pierres en provenances d'une autre carrière située à une quinzaine de kilomètres sont utilisées comme "pukao", espèce de coiffe surmontant les "moai" et sensée représenter la chevelure remontée en chignon et teinte en rouge. C'était la petite touche finale.
	Le plus grand site restauré de l'île. 15 "moai" surmontés pour certains par leur "pukao". Pour avoir une idée de la taille, vous pouvez voir la silhouette de Marie-Elise en bas sur la photo.
Pour changer de sujet, place aux animaux ! Pour les amoureux du cheval, sachez que l'île est peuplée de milliers de chevaux plus ou moins sauvages. Et croiser les jeunes Pasquans en ville sur leurs montures reste un spectacle bien étonnant. Les plus fortunés d'entre eux circulent sur des motos de cross, manifestement pas trop dérangés par la police qui semble les ranger dans la catégorie des chevaux. Et il faut voir leur look ! Pour tout vous dire, on a pas osé les photographier...
	Comme en Nouvelle-Calédonie, en Nouvelle-Zélande et à Tahiti, le même type de cuisine nous est donné à goûter. Appelé ici couranto, c'est toujours cuit dans de grandes feuilles de bananier posées sur des pierres chauffées précédement, et le tout recouvert de terre pendant plusieurs heures.
Il faut bien finir par quitter cette île à laquelle on s'est beaucoup attachés. On prend l'avion pour le Pérou, via Santiago. Pas trop de soucis pour la piste de l'aéroport: C'est la plus longue du monde ! Prévue comme piste de secours pour la navette spatiale, elle a été construite avec l'aval de Pinochet, petite fleure envers les Américains.